miel en France

Miel en France. Entre chute de production et importations

La consommation miel en France augmente, mais ce produit est une ressource précieuse. Comptes tenus des problèmes que rencontrent les abeilles et les apiculteurs, les prix montent et la production française ne suffit pas.

Nous importons donc du miel d’autres pays, moins cher et qui peut poser des problèmes de traçabilité. Comme vous, nous avons entendu parlé du miel importé dit frelaté ou adultéré. Il ne contient pas que du miel mais d’autres sucres et de l’eau. L’occasion de regarder en détails d’où nous vient tout ce miel.

La disparition des abeilles fait chuter la production française

La production de miel en France continue malheureusement de chuter depuis de nombreuses années. Alors qu’en 1995 les apiculteurs en produisaient 32 000 tonnes, en 2011 encore 20 000 tonnes, la production s’effondre à moins de 10 000 tonnes en 2018. Selon les prévisions, 2019 sera certainement une année catastrophique. Source : UNAF

L’effondrement des insectes pollinisateurs, dont les abeilles font partie, est dû à une corrélation de plusieurs facteurs. Les influences du dérèglement climatique sur les cultures, les éclairages nocturnes, l’extension des zones d’agriculture intensive, l’apparition d’espèces invasives comme le frelon asiatique ou des parasites comme le Varroa.

Mais un des principaux facteurs de l’effondrement des colonies d’abeilles seraient dû à l’apparition sur le marché dans les années 1990 d’une nouvelle classe d’insecticides, les néonicotinoïdes (à base d’imidaclopride). Ce sont les insecticides les plus efficaces jamais synthétisés par les hommes. En France, on en utilise environ 20 000 tonnes par an (selon Stéphane Foucart), sur plus de 60 000 tonnes au total. Ces insecticides mobilisés pour lutter contre les ravageurs des cultures sont capables de produire des effets sur les pollinisateurs utiles que sont les abeilles.

Malgré les interdictions gagnées par voie de justice par des associations et des plans de réductions nationaux, la consommation de pesticides augmente. Le graphique ci-dessous vous donne les derniers chiffres officiels de 2018.

Utilisations des pesticides en France
Source : note de suivi du plan Eco-phyto 2018-2019, p.42

28,3 millions de kilos de miel importés en France en 2019

La consommation de miel en France étant d’environ 40 000 tonnes par an, il nous faut chercher du miel ailleurs. Nous en importons donc 28 300 tonnes depuis 26 pays étrangers.

Les plus gros fournisseurs de miel sont l’Ukraine (22%), l’Espagne (6 434 tonnes), l’Allemagne (3 045 tonnes), l’Argentine (2 920 tonnes), la Hongrie (2 488 tonnes) et la Chine (2 285 tonnes). C’est 6 pays représentent 85% des importations de miel en France

Importations de miel en France en 2019

En 1995, les importations de miel en France étaient de l’ordre de 5 000 à 6 000 tonnes. Elles ont augmenté parce que la production française ne suffisait pas.

En Europe, la production en 2015 a été d’environ 250 000 tonnes. Elle en a importé 200 000 tonnes, dont la moitié de Chine, deuxième producteur après l’Europe.

Miel francisé et adultéré

Entre chute de la production et consommation forte, la tentation de trafiquer le miel pour gagner de l’argent se fait grande. D’autant plus que les sources d’importations sont nombreuses.

En France, la qualité du miel fait l’objet d’une attention particulière de la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes). Cet organisme vérifie la conformité des produits et si les mentions des étiquettes correspondent aux produits. Elle dispose en commun avec les douanes de laboratoires qui permettent de faire des tests de composition et même des tests des pollens pour en vérifier l’origine.

317 établissements, de la production à la distribution, ont fait l’objet de contrôles dont notamment 123 apiculteurs, 116 commerces, 24 transformateurs et 19 sites internet ou de vente à distance. 262 échantillons de produits prélevés par les enquêteurs au cours des contrôles ont été analysés en laboratoire. Source : DGCCRF , Qualité des miels, gelées royales, sirops d’érable et d’agave

La plupart des non-conformités vient de problèmes d’étiquetage. Absence de mention du pays d’origine, présence de mentions abusives (« 100 % naturel », comme les soupes Liebig tiens), dénomination incorrecte (comme « Miel liquide » alors qu’il est cristallisé).

Miel francisé

Parmi les fraudes au miel en France, il y a une pratique qui consiste à franciser le miel. C’est à dire qu’une entreprise importe du miel d’un pays étranger, le met en pot et inscrit sur l’étiquette que c’est un miel qui vient de France. Le gain financier est important, puisque le miel étranger coûte moins cher.

La DGCCRF a mis au jour quelques trafics ces dernières années. Une entreprise française avait mandaté un logisticien pour faire passer des fûts de miel espagnol pour du miel français. Résultat, 140 tonnes ont été maquillées. Une petite entreprise vendait du miel importé de Belgique avec des étiquettes mentionnant une origine locale. 6 tonnes auraient été vendues alors que l’apiculteur n’en produisait que 600 kilos.

Miel adultéré

Le miel adultéré est un miel dans lequel a été rajouté d’autres ingrédients, notamment de l’eau ou des produits sucrant.

En 2013, la DGCCRF avait déjà fait mention d’ajout de sucre dans son rapport annuel. Plus d’un miel sur dix (18 prélèvements) est adultéré. Il a subi l’addition de sucres exogènes issus de la canne ou du maïs (jusqu’à une teneur de 44 %), ou d’eau.

En 2014 l’association de consommation UFC Que Choisir a réalisé des tests de compositions sur des pots de miel français. Sur 20 échantillons de miel « premier prix », 6 contenaient du sucre ajoutés.

Suite à cette publication, la Commission européenne a ordonné en 2015 une étude à l’échelle européenne. Sur 2 264 échantillons, environ 20% des miels déclarés comme mélangés (plusieurs miels) ou non mélangés provenant de l’Union Européenne ou d’un pays tiers étaient suspectés de contenir du sucre ajouté. A ce sujet, nous vous conseillons l’article de Reporterre.

 

Photo de couverture par Alexander Mils

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